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Lire Avec un Regard Neuf

À quand remonte la dernière fois que tu as tenu, cher lecteur, un roman entre tes mains (ou un écran numérique qui affichait les mots de ce dernier) ? Pas le dernier livre – qui était sans doute un manuel de droit des sociétés ou ton exemplaire précieux de Bravo ! si tu as le plaisir de prendre des cours de français de deuxième année – mais le dernier roman, la dernière œuvre de littérature qui t’a passionné, dont les pages tu as tourné avec impatience pendant ton temps libre, sans prendre des notes, sans réfléchir à quelle citation choisir pour ton rapport ou ta dissertation. Si je ne me trompe pas, pour la plupart d’entre nous cela constitue un plaisir dont nous nous privons déjà depuis un certain temps.

En effet, selon une étude réalisée en 2015 sur les pratiques et les préférences en matière de lecture des jeunes Australiens, la lecture est classée comme une activité de loisir préférée de seulement un cinquième de participants. Qui plus est, 32% d’entre eux préféreraient ne pas, ou ne jamais, lire pendant leur temps libre, tandis que l’usage de l’ordinateur (et d’Internet) a été signalé comme activité de loisir privilégiée de 61% des jeunes interrogés. J’avoue que, bien que cela n’ait pas été toujours le cas, je suis moi-même coupable d’allumer Netflix dans mes moments libres (qui sont de plus en plus rares d’ailleurs). Il s’agit d’un désir de ne plus devoir me concentrer sur quoi que ce soit ; de débrancher mon esprit.

Pourtant lors du réveillon du premier de l’an 2017, s’étant rendu compte que j’avais lu (et n’en  avais pas fini à lire beaucoup plus) un grand total de deux livres tout au long de l’année précédente, j’ai décidé qu’il était grand temps que je retrouve mon amour de la lecture. Je m’étais toujours enorgueillie d’être une jeune femme assez cultivée, mais tout d’un coup je me suis demandé combien d’œuvres importantes, des grands auteurs de littérature, avais-je même lues pendant ma vingtaine d’années d’existence ? Pas assez, j’ai conclu. Évidemment, je pouvais facilement trouver maintes excuses pour expliquer ce bilan lamentable – avant tout, le fait que je lisais un tas de documents, d’articles, une pléthore de littérature académique pour mes cours – mais cela ne changeait rien au fait que je voulais lire plus. Soudain, la réalisation morbide que regarder le prochain épisode de 13 Reasons Why se traduisait par moins de livres lus avant ma mort m’a frappé. Je me suis donc résolue à consacrer plus de temps à la lecture.

Cela me mène à une question fondamentale : Pourquoi lire ? À quoi bon se passionner pour des récits inventés ou même des histoires vraies, versions desquels l’on peut regarder sur un écran en beaucoup moins de temps et sans le niveau de concentration qu’exige la lecture ?

Tout d’abord, l’intelligence se cultive par la lecture. Comme l’a résumé Dr. Seuss, « Plus tu lis, plus tu sauras de choses. Plus tu apprends, à plus d’endroits tu iras. » La lecture contribue au développement d’un vocabulaire plus riche, améliore les compétences rédactionnelles, augmente l’éloquence et la cohérence de notre parole, renforce la fonction de mémoire, nous aide à bien dormir, et j’en passe. De plus, une étude récemment publiée par des chercheurs à l’université de Sussex a démontré que la lecture pourrait réduire le stress de jusqu’à 68%.

On apprend beaucoup de choses à la maison, à l’école, de nos amis et des bouches de ceux qui sont plus sages et intelligents que nous-mêmes. Il n’en reste pas moins que beaucoup des choses les plus précieuses qu’on sait viennent de la littérature qu’on a lue. Si l’on lit bien, on réussit à engager dans un dialogue avec les esprits les plus créatifs de notre époque et du passé. Le temps consacré à lire de la littérature n’est jamais du temps perdu ; on ne peut pourtant pas dire la même chose à propos du temps passé sur nos portables, ce qui constitue 3.9 ans de la vie de la personne moyenne, soit 23 jours par an. À ne pas oublier non plus est le fait que la lecture de littérature dans ta deuxième ou troisième langue est garantie à faire des miracles pour tes connaissances de cette langue. Je suis tout à fait d’accord avec le philosophe Alain qui a répondu à la question, « Comment apprend-on une langue ? » en disant « Par les grands auteurs, pas autrement. Par les phrases les plus serrées, les plus riches, les plus profondes, et non par les niaiseries d’un manuel de conversation ».

Je t’offre une dernière réflexion : la plupart des gens ne consommeront pas plus de 1.000 œuvres de littérature au cours de leur vie d’adulte. Combien de livres penses-tu avoir déjà lus ? 200 ? 300 ? Pense au nombre qui te reste. Et assure-toi de choisir intelligemment le reste.  

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Reading with Fresh Eyes

When was the last time you, dear reader, held a novel in your hands (or a digital screen displaying its words)? Not the last book – which was no doubt a corporate law textbook or your precious copy of Bravo! if you have the pleasure of taking second year French – but the last novel, the last work of literature which you enthusiastically read, the pages of which you turned eagerly in your spare time, without taking notes, without thinking about which quote to pick for your report or essay. If I’m not mistaken, here lies a pleasure which many of us have been deprived of for quite some time now.

In fact, according to a study conducted in 2015 on young Australians’ reading practices and preferences, reading was ranked as a preferred leisure time activity for only one-fifth of participants. What’s more, 32 per cent would prefer not to, or to never, read in their free time, whilst using the computer (and the Internet) figured as a preferred leisure time activity for a majority of 61 per cent of respondents. I’ll be the first to admit that, although this was not always the case, I myself am guilty of turning on Netflix in my spare moments (which are actually increasing rare). It’s a simple question of not wanting to have to concentrate on anything, of switching off my brain.

However, on New Year’s Eve of 2017, having realised that I had read (and started but not finished reading many more) a grand total of two books over the course of the closing year, I decided that it was high time that I found my love of reading again. I had always prided myself on being a well-read young woman, but suddenly I found myself wondering just how many important works from the greatest authors of literature I had read in my 20 years of existence. Not enough, I concluded. Obviously, I was not short of excuses to explain this dismal state of affairs – first and foremost, the fact that I read countless documents, articles, a plethora of academic literature for my classes – but this did not change the fact that I wanted to read more. Suddenly, the morbid realisation that watching the next episode of 13 Reasons Why would mean fewer books read before I died struck me. I became determined to devote more time to reading.

This leads me to a fundamental question: Why read? What’s the use in taking an avid interest in invented tales or even true stories, versions of which we can easily watch on a screen in much less time and without the level of concentration required by reading?

Firstly, reading develops intelligence. As Dr. Seuss summarised, ‘The more that you read, the more things you will know. The more that you learn, the more places you’ll go.’ Reading contributes to the development of a wider vocabulary, improves writing skills, increases the eloquence and coherence of our speech, strengthens memory function, helps us sleep better, and the list goes on. In addition, a study published recently by researchers at the University of Sussex showed that reading can reduce stress by as much as 68 per cent.

We learn many things at home, at school, from our friends and the mouths of those wiser and cleverer than ourselves. But the fact remains that many of the most valuable things we learn come from the literature we have read. If we read well, we enter into a conversation with the most creative minds of our time and of the past. Time spent reading literature is never time wasted; yet we can’t say the same of the time we spend on our phones, which occupies 3.9 years of the average person’s life or 23 days of our year. Also not to be forgotten is the fact that reading literature in your second or third language is guaranteed to do wonders for your language skills. I agree whole-heartedly with the philosopher Alain who responded to the question ‘How does one learn a language?’ by saying ‘By the great authors, not in any other way. By the tightest, richest, deepest sentences, and not by the silliness of phrasebooks.’

A last bit of food for thought: the majority of people will not consume more than 1,000 works of literature over the course of their adult lifetime. How many books do you think you have already read? 200? 300? Think about the number which you have left. And make sure you choose the rest smartly.

We acknowledge the Ngunnawal and Ngambri people, who are the Traditional Custodians of the land on which Woroni, Woroni Radio and Woroni TV are created, edited, published, printed and distributed. We pay our respects to Elders past and present. We acknowledge that the name Woroni was taken from the Wadi Wadi Nation without permission, and we are striving to do better for future reconciliation.