La Nature (Humaine) de la Nostalgie

Written and Translated by Melissa Nuhich.

Le ciel était gris et la ville de Milan était trempée de pluie. C’était septembre et officiellement l’automne : un nouveau chapitre de ma vie. Cela m’attristait un peu de penser que c’était prévisible de la météo mais je pouvais déjà sentir que le temps passerait extrêmement vite dans une ville avec beaucoup de choses à découvrir et de nouvelles personnes à rencontrer. Cette pluie passera plus tôt que tu ne le penses, pensai-je. Tu ne t’en souviendras même pas quand le soleil commencera à briller.

Nous avons pu sentir la transition de l’automne à l’hiver un mois plus tard, lors d’une soirée particulièrement belle en novembre, quand nous sommes montés sur le toit de notre appartement pour regarder un coucher de soleil glorieux qu’aucun d’entre nous n’avait jamais vu auparavant. Mes nouveaux amis et moi avons monté les escaliers rapidement, racontant des blagues dans différentes langues. Comme nous avons fait notre chemin à la clairière sur le toit, nous avons été arrêtés dans nos traces par la beauté du ciel au-dessus de nous. Une peinture composée de rose vif et d’orange, de violet foncé et de bleu, et des reflets dorés tourbillonnant autour des nuages ​​pour l’emphase nous entourait. Quelqu’un a même plaisanté en disant que nous étions immortalisés dans un tableau de Van Gogh, résolvant immédiatement nos crises existentielles des jeunes adultes parce que oui, nous pourrions croire que c’était la seule explication plausible pour que la nature soit si gentille avec nous. Nous en avons été témoins, mais en même temps, il nous a semblé réconfortant de penser que nous faisions en quelque sorte partie de la peinture d’un peintre légendaire; la Nuit Étoilée 2.0. J’ai vu mes amis en souriants. Un mélange des langues – d’italien, d’espagnol, de portugais, de danois, et d’anglais – à côté du bourdonnement lointain du trafic de la ville a créé une sensation de paix et d’unité; malgré nos différences, nous n’étions que des êtres humains sous un ciel de Van Gogh. N’oublie jamais ce moment. Alors que le soleil se baisse de plus en plus vers l’horizon à chaque seconde qui passe, accroche-toi à chacun et ne le laissez pas partir car vous ne serez plus jamais à la même place avec les mêmes personnes en même temps.

En décembre, la neige a rendu notre monde blanc. Nous étions devenus comme des enfants, bâtissant des bonshommes de neige et jetant des boules de neige sur le même toit. Les Italiens nous ont dit que c’était la première chute de neige en cinq ans dans la ville de Milan. Nous nous sommes sentis spéciaux de connaitre la ville pendant ce phénomène aux côtés des locaux qui étaient tout aussi excités que nous. La pureté de la neige nous a détourné de nos soucis des échéances de Noël et des examens, mais surtout, nos départs d’un endroit qui avait réussi à unir des gens de divers horizons avec un objectif commun. N’oublie jamais ce moment, continuais-je à me dire.

Même quand on vit un moment important dans sa vie, il peut être presque impossible de ne pas penser au fait qu’une fois le moment passé, il va nous manquer terriblement. La nostalgie n’attend pas de frapper une fois que le temps est passé et que la mémoire a eu une chance de se solidifier, mais elle peut plutôt se produire même pendant que le moment est vécu. Malgré son existence, la nature a la manière d’unir les gens, de nous arrêter sur nos traces et d’oublier n’importe quelle inquiétude à ce moment juste pour admirer sa création. Quand un phénomène se produit dans la nature, les personnes qui en font l’expérience tendent à donner un sens à ce qu’elles faisaient à ce moment-là, rendant ces moments plus mémorables.

Malgré mes vœux d’oublier les pluies de septembre, je les aurais accueillies chaleureusement en janvier si j’avais pu revivre les cinq mois qui ont déjà passé. Je ne m’en rendais pas compte pendant les évènements de ces cinq mois, mais la nostalgie avait déjà un effet sur moi avant que quelque chose n’ait commencé. Je me souvenais de la pluie, et comment elle trempait mes vêtements et me sentait étrangère et familière en même temps. Je me souviens de regarder le ciel embrasé de couleurs, et je pensais que c’est le même ciel partout dans le monde, sauf que j’assiste à une partie spéciale avec des gens spéciaux à mes côtés. Je me suis souvenue de la neige et du fait que ce n’est pas un phénomène propre à la ville de Milan, mais il nous a semblé que c’était spécialement pour nous – un ‘miracle de Noël’ dans une ville où il ne neige pas souvent. Chaque blague à laquelle on riait, chaque personne rencontrée, chaque coucher de soleil hivernal qui était observé sur le toit avec des amis proches enveloppés dans des couvertures – ces souvenirs étaient mentalement enregistrés avec la prise de conscience tacite qu’ils ne répéteraient plus jamais de la même manière. Cependant, pouvoir les revivre dans nos pensées suffisait à calmer nos peurs.

À la fin de mon séjour en Europe, nous jouissions ensemble de nos derniers moments là sous un ciel bleu et un soleil brillant malgré que ce soit encore l’hiver. Fin janvier, j’avais d’innombrables souvenirs de mes cinq mois à l’étranger, mais surtout, chacun était marqué par un phénomène de la nature. Que ce soit la pluie d’automne, la neige de l’hiver, ou le soleil inattendu ici et là, j’avais l’impression que la nature avait catégorisé mes souvenirs pour que la nostalgie puisse les rappeler sans effort; une bobine de film qui peut déclencher des souvenirs partout dans le monde.

 

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The sky was grey and the city of Milan was drenched in rain. It was September and officially autumn: a new chapter of my life. It saddened me a little to think that this was to be expected of the weather, but I could already sense that time would pass extremely quickly in a bustling city with many new things to experience and new people to meet. This rain will pass sooner than you think, I thought to myself. You won’t even remember it when the sun starts to shine.

We could feel the transition from autumn to winter a month later on a particularly beautiful November evening when we went up to the roof to watch a glorious sunset neither of us had ever seen before in our lives. My new friends and I raced up the stairs, telling jokes in different languages. As we made our way to the clearing on the roof, we were stopped in our tracks by the beauty of the sky above us; it was a painting made up of bright pink and orange, deep purple and blue, and gold highlights swirling around the clouds for emphasis. Someone even joked that we were being immortalised in a Van Gogh painting, immediately solving our young-adult existential crises because yes, we could believe that this was the only plausible explanation for nature to be so kind. We were witnessing it at its best, but at the same time, it was comforting to think we were somehow part of a legendary painter’s painting; a Starry Night 2.0. I turned to see my friends smiling wide and embracing each other. A mixture of languages – Italian, Spanish, Portuguese, Danish, and English – alongside the distant hum of city traffic created a sensation of peace and unity; despite our differences, we were all just human beings standing under a Van Gogh sky. Never forget this moment. Even as the sun dips lower towards the horizon with every passing second, hold onto each one and don’t let them go because you will never be in this place with the same people at the same time ever again.

In December, the snow turned our world white. We had become like children, building snowmen and playfully throwing snowballs at each other on the same rooftop where we watched the famed sunset barely a month before. The Italians told us it was the first proper snowfall in five years in the city of Milan. We felt special to experience this phenomenon alongside the locals who were just as excited as we were. The purity of the snow distracted us from our worries of Christmas deadlines and exams, but most of all, our departures from a place that had managed to unite people from various backgrounds with a common goal. Never forget this moment, I continued to tell myself.

Even when one is experiencing an important moment in their life, it can be next to impossible not to think about the fact that once the moment passes, one will miss it terribly. Nostalgia doesn’t wait to strike once time has passed and the memory has had a chance to solidify. Rather it can occur even while the moment is being experienced. Despite its existence, nature has its way of uniting people, making us stop in our tracks and forget any worry in that moment just to admire its creation. When a phenomenon in nature occurs, people experiencing it tend to attach meaning to what they were doing at the time, making these moments arguably more memorable.

Despite my wishes to forget the rains of September, I would have welcomed them wholeheartedly in January had I been able to relive the past five months again. I didn’t realise it at the time, but nostalgia already had an effect on me before anything had started. I did remember the rain, and how it soaked my clothes and felt foreign and familiar at the same time. I remember looking up at the setting sun, the sky ablaze with colours, and thinking that this is the same sky all over the world, except I get to witness a special piece of it with special people by my side. I remembered the snow and how it wasn’t a phenomena specific to the city of Milan, but how it somehow felt like it was specially for us – a ‘Christmas miracle’ in a city where it doesn’t snow often. Each joke that was laughed at, each person that was met, each winter sunset that was watched on the roof with close friends wrapped in blankets – these memories and more were mentally recorded with the unspoken realisation that they will never be repeated in the same way ever again. However, to be able to relive them in our thoughts was enough to put our fears to rest.

At the end of my stay in Europe, we were enjoying our last moments together under a blue sky and the sun shining despite it still being winter. By late January, I had countless memories of my five months abroad, but most importantly, each one was marked by a phenomenon of nature. Whether it was the rain of autumn, snow of winter, or unexpected sun here and there, I felt like nature had categorised my memories so that nostalgia could recall them effortlessly; a reel that can trigger memories all around the world.

We acknowledge the Ngunnawal and Ngambri people, who are the Traditional Custodians of the land on which Woroni, Woroni Radio and Woroni TV are created, edited, published, printed and distributed. We pay our respects to Elders past and present. We acknowledge that the name Woroni was taken from the Wadi Wadi Nation without permission, and we are striving to do better for future reconciliation.